L'archéologie expérimentale
L'ARCHITECTURE
NAVALE
Côté recherches sur l'archéologie navale en France, impossible de passer à côté des travaux du Bureau d'Archéologie Navale du Centre Camille Jullian (laboratoire d'archéologie méditerranéenne et africaine de l'Université de Provence, du CNRS et du Ministère de la Culture). Dirigé par M. Robert Roman, ce bureau réalise relevés, modèles tridimentionnels et maquettes dans le cadre du programme de recherche en archéologie navale dirigé par le Centre de recherche. Et bien évidemment, il réalise aussi des opérations d'archéologie expérimentale.
Le
bureau a reconstitué des maquettes d'étude sur les modes de
construction des navires grecs et romains, ainsi que des maquettes pédagogiques
pour certaines expositions.
Il a également réalisé des modèles grandeur nature de certains systèmes d'assemblage observés sur des épaves, soit dans une optique de mise à l'épreuve d'hypothèses, soit pour une utilisation muséographique.
Sur le site internet du bureau, vous pouvez télécharger de nombreux documents sur ces expériences avec de belles illustrations.
Les pirogues
Le Groupement de Recherches en Archéologie Subaquatique (GRAS) a réalisé plusieurs expériences sur la construction de pirogues mésolithiques et médiévales.
Leurs conclusions apportent de nombreuses informations sur les contraintes et les processus de construction des pirogues.
Pour
la Pirogue mésolithique
Le bois utilisé doit être issu d'un résineux. Il sera écorcé et évidé avec un coin qu'on frappe avec une masse (l'assocation a eu parfois recours aux outils modernes pour gagner un peu de temps). La proue et la poupe sont ensuite taillées puis brulées à l'intérieur et à l'extérieur pour enlever les échardes, arrondir naturellement l'intérieur et protéger le bois des insectes et des champignons.
La coque doit être la plus fine possible, sans risquer de la percer leur de l'évidage. Les petits trous et fissures seront calfatés avec un mélange de cire d'abeille et de fibres végétales.
L'équipe évalue le temps de conception pour une pirogue de 50cm de large à 1m par jour.
Pour
la Pirogue Médiévale
La pirogue est typique des embarcations fluviales : elle a un fond plat avec une poupe carrée, et comprend 3 renforts transervaux. Ses bords font 55cm de haut.
Construite en chêne, elle fait plus de 6,5m de longueur. Pour atteindre la bonne épaisseur lors de l'évidage, les hommes utilisaient une technique d'une simplicité et d'une efficacité remarquables : il suffit de tailler des chevilles de bois d'une longueur équivalente à l'épaisseur voulue pour la coque. On fait ensuite des trous au fond de la coque, on y met les chevilles, et on évide jusqu'à arriver au niveau des chevilles ! Epatant !
Les essais sur rivière vont révéler une embarcation stable et rapide, pouvant être manoeuvrée par une équipe de 6 hommes.
Cette barque est aujourd'hui conservée en immersion sous la Seine, amarée et remplie de pierres. Son renflouage devrait être facile.
Vous pouvez aller visiter les pages sur l'archéologie expérimentale du GRAS pour en savoir plus.
Les bateaux maritimes

La navigation expérimentale du Kyrénia II
Le Kyrénia était un navire grec IVe siècle avant Jésus-Christ.
En 1982, l'institut hellénique pour la préservation de la tradition nautique en a dirigé la reconstitution, en plein chantier naval traditionnel de Manolis Psaros. Après 3 ans de travaux, le Kyrénia II, entièrement reconstitué d'après des techniques grecques, est lancé. Il ne faudra que quelques essais, et le Kyrénia II quitte le Pirée en septembre 1986 pour un long voyage expérimental sur les "traces" de son ancêtre. Un long périple en mer égée au cours duquel le Kyrénia va prouver les talents de constructeurs des navires de la Grèce antique. Son équipage de 5 hommes a affronté à son bord eaux calmes et tempêtes, à une vitesse moyenne de 3 noeuds avec des pointes à 10 ou 12 noeuds ! 27 jours de navigation pour 1 260 miles nautiques, et hô combien de distance parcourue dans l'Histoire !
Les embarcations fluviales
Altaripa, aux sources de la navigation celtique
Ce projet d'envegure a débuté en 1970 avec la découverte d'un chaland gallo-romain de 20m de long dans le lac de Neuchatel. Fouillé puis sauvé "in extremis", il a été sujet d'une reconstitution à l'échelle 1 en 1996-1997. Ce fut un projet phare pour l'histoire de l'architecture navale celtique, à un moment où le charpentier naval fait ses premiers pas dans l'assemblage. Toutes les étapes ont été disséquées, de la conception du navire à ses modes de propulsion.
La réalisation de cette réplique a nécessité 8 mois de travail pour une équipe de 6 personnes, et 64,8 tonnes de bois, pour un chaland de 20m de long, 3m de large et 90cm de haut qui pesait 7 tonnes lors de sa mise à l'eau.
L'expérience est présentée dans un film baptisé "Altaripa, aux sources de la navigation celtique", réalisé en 2003 par Stéphane Brasey et Laurent Huguenin-Elie, produit par le musée du Laténium.
Les embarcations funéraires
La
deuxième vie du Gokstad
Le Gostad était un bateau funéraire viking daté des environs de 800 après J.-C. et retrouvé enterré dans un tertre, ce qui a favorisé sa bonne conservation.
Il n'en fallait pas plus pour faire rêver Robert Asp : redonner vie à un navire viking. Aidé de son frère, il va échaffauder son projet dès 1971. Le chantier, commencé en 1972, ne s'achèvera qu'en 1980. Les difficultés rencontrées lors de la construction, ainsi que l'annonce d'une leucémie pour Robert sont responsables de ce retard. Mais en 1980, le bateau est fièrement présenté au public. Il sera baptisé officiellement le 20 juillet de cette année et mis à l'eau le 5 août, avec succès. Son rève réalisé, Robert Asp s'éteindra en décembre 1980, peut-être porté par le Gokstad vers le Walhalla.
Pour en savoir plus, vous pouvez visiter le site internet du Centre du Patrimoine de Hjemkomst.
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Sae
Wylfing
Voici un autre bateau funéraire reconstitué, inspiré des découvertes archéologiques du site funéraire anglo-saxon de Sutton Hoo (GB).
La réplique est deux fois plus petite que l'original, mais elle a prouvé ses qualités de navigation. Elle a été réalisée avec sérieux par Edwin et Joyce Gifford.
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