L'Ost : à vos marques, prêts, marchez !

Entretien avec Philippe Rudrauf, organisateur de l'Ost en Marche

 

Amis promeneurs, ne soyez pas surpris si vous croisez au détour d'un chemin de la forêt de Rambouillet des chevaliers devisant gaiement avec des légionnaires romains. C'est l'Ost en marche, dont la prochaine édition aura lieu les 4 et 5 octobre 2008.

Le service d'Ost, c'est le service militaire à l'époque féodale, imposé à tous les hommes libres. Le service militaire obligatoire, c'est fini pour nous, hommes du XXIe siècle, mais si d'aventure vous pratiquez la reconstitution, alors Philippe vous invite à retourner dans les rangs.

Quelques petites variations puisque l'événement n'a pas de limites chronologiques. Hommes d'armes de l'Antiquité rejoignent donc les rangs des chevaliers médiévaux, en attendant un élargissement chronologique encore plus vaste. Tous marchent, équipement sur le dos, armes à la main, casques sur la tête.... Et pour ajouter une petite touche de fraicheur, les femmes sont aussi les bienvenues.

Engagez-vous qu'ils disaient ! Et si c'était une bonne idée ?


Camille Daval : Bonjour Philippe. Tu vas nous présenter " l'Ost en Marche" que tu organises depuis 2005. La prochaine marche aura lieu les 4 et 5 octobre prochains en forêt de Rambouillet. Quel est le principe de l'événement ?

Philippe Rudrauf : Les hommes d'armes de l'Antiquité et du Moyen-Age étaient non seulement des guerriers mais aussi de grands marcheurs. Les fantassins notamment n'avaient d'autres moyens que de se déplacer à pied et souvent sur de très longues distances. Les sources nous apprennent que les convois étaient difficiles à gérer sur de nombreux points de vue (logistique et sécurité). Chaque homme avait à charge de porter l'équipement individuel ce qui permettait de limiter le nombre de chariots et animaux de bât destinés au transport du matériel collectif plus lourd et encombrant. De ce fait la charge d'un homme d'armes quelle que soient les époques égalait voir dépassait les 30 kilos. Donc le principe de l'événement et de se mettre (autant que possible) en situation identique et d'expérimenter, avec du matériel le plus représentatif possible, la marche avec les équipements.


Camille Daval : Quel est ton métier dans la vie ? Comment en es-tu arrivé à évoluer dans le milieu de la reconstitution historique et de l'Histoire Vivante ?

Philippe Rudrauf : Mon métier n'a aucun rapport avec l'histoire car je travaille chez un grand constructeur automobile national. Mais depuis mon enfance avec mes parents et mes frères, j'ai gravi les pentes menant à plus d'une centaine de châteaux forts d'Alsace, mon pays natal. Voilà peut-être pour les origines, mais ce n'est que sur le tard que je me suis investi d'avantage ; attiré par l'Escrime Médiévale que j'enseigne aujourd'hui à un groupe d'une dizaine de passionnés comme activité sportive au sein du Comité d'Entreprise de ma société. En ce qui concerne les marches en équipements, personne n'en proposait ouvertement dans le milieu de la reconstitution alors je m'y suis lancé moi-même.


Camille Daval : Il y a de nombreuses façons de pratiquer la reconstitution, alors pourquoi cet intérêt pour les armées en marche et pourquoi avoir " lancé " l'Ost en Marche ?

Philippe Rudrauf : Les armées de l'Antiquité et du Moyen Age me fascinent incontestablement et si l'on s'intéresse à l'Histoire Vivante, le fait de pratiquer la marche longue en équipement permet de pousser très loin la reconstitution. J'ai pensé que ce thème pouvait attirer d'autres amateurs désirant utiliser plus pleinement leur équipement et tester leur physique.

Bien évidemment je n'ai rien inventé en organisant ce genre de marches car divers groupes ont déjà pratiqué des marches en équipement mais de manière souvent épisodique et entre membres d'un même groupe. Avec l'Ost en Marche j'invite les amateurs quelle que soit leur troupe ou leur époque de reconstitution pourvu qu'elle soit de l'Antiquité et du Moyen Age car les armées de ces époques ont de forts points communs. De plus, j'organise les marches régulièrement c'est-à-dire aujourd'hui deux fois par an.


Camille Daval : En terme d'expérimentation, quels sortes d'enseignements tirez-vous de ces marches ?

Philippe Rudrauf : Une forme d'enseignement porte sur la conduite de la marche et sur les difficultés à gérer une colonne qui s'étire en longueur. Même avec l'usage d'une trompe il est problématique de communiquer les consignes de marche et il faut maintenir un rythme calme et régulier afin que les plus lourds puissent progresser durablement.

Mais les enseignements sont surtout nombreux quand ils portent sur l'équipement dont les moindres détails sont d'importance. Porter une tenue en dynamique et pendant des heures demande une fonctionnalité parfaite du matériel et une maîtrise des techniques de portage. Si une armure est mal ajustée, si une épée est mal portée et bat dans les jambes, si une sangle est trop ou trop peu serrée, si le poids d'un bouclier est mal réparti et si l'ensemble des équipements ne trouve pas sa place et y demeure ; alors la marche va très vite devenir un calvaire et être impossible à poursuivre


Camille Daval : Précisément, ces marches ne sont elles pas trop difficiles pour nous aujourd'hui ?

Philippe Rudrauf : L'Ost en Marche permet une grande souplesse afin que chacun puisse pratiquer en fonction de ses capacités. Les participants civils ont un équipement total qui reste léger donc très supportable s'il est bien conçu et porté.

En ce qui concerne les participants militaires, les équipements varient du fantassin léger au fantassin lourd. Il est clair qu'évoluer en fantassin lourd requiert un équipement et des techniques de portage parfaitement au point et aussi une bonne condition physique ; mais la souplesse de l'organisation permet de se délester à mi-parcours ou d'arrêter plus tôt pour ceux qui le souhaitent.

Ces marches sont certes des expérimentations qui nous permettent d'apprendre et de progresser mais il n'y a aucune recherche d'exploit et l'objectif principal est de passer un bon moment et de se faire plaisir. Lors de nos marches nous nous limitons à un total de 16 kilomètres effectués en cinq heures pauses comprises.


Camille Daval : Mais alors vous évoluez en un groupe où le légionnaire peut côtoyer le croisé ? Comment la cohabitation se passe-t-telle ? Il y a des débats et des discussions sur les avantages et les inconvénients de telle ou telle période ?

Philippe Rudrauf : L'ambiance est vraiment bien. Visuellement les différences sont évidentes entre un légionnaire romain du haut Empire et un piquier de la guerre de cent ans mais les démarches sont identiques, nous avons en commun le même désir d'expérimenter et d'apprendre sur l'armée en marche. La cohabitation est toute aussi naturelle entre les militaires et les civils , hommes ou femmes , qui font la marche au sein des armées comme par le passé. En fait chacun apprécie le mélange des époques car cela permet des contacts souvent rares entre amateurs de l'Antiquité et Médiévistes. Nous passons entre cinq et six heures, côte à côte et les gens aiment parler en marchant. Ils s'entraident et se soutiennent naturellement, franchement heureux de vivre un événement quand même un peu hors du commun.


Camille Daval : L'ambiance est-elle conviviale ou plutôt studieuse ? Que viennent chercher les gens qui participent à la marche ?

Philippe Rudrauf : Oui, je l'ai dit précédemment l'ambiance est conviviale et décontractée. Mais l'on note différentes ambiances au fil de la marche. Au début les gens sont frais, discutent, papotent, rigolent. Jusqu'à ce que la fatigue gagne et au bout de quelques heures un calme s'installe, les bavards ont du mal à trouver des interlocuteurs ayant encore du souffle à gaspiller.


Camille Daval : Tout le monde peut se joindre à la marche ou il faut déjà du matériel et de l'expérience ?

Philippe Rudrauf : Tout le monde peut se joindre à la marche du moment qu'il soit civil ou militaire de l'Antiquité jusqu'au Moyen Age et passionné par le sujet. Il n'est pas indispensable d'avoir un équipement complet mais un effort doit être fait pour que cet équipement soit représentatif afin que l'expérimentation ait tout son sens. Avoir un bon équipement coûte souvent assez cher ou prend du temps à être constitué et je ne fermerais jamais la porte à un ou une passionnée dont la tenue est incomplète ou encore perfectible . En ce qui concerne les fantassins lourds, ceux qui portent 30 kilos ; je leur demande d'être sûrs de leur bonne condition physique.


Camille Daval : J'imagine la tête de promeneurs du dimanche qui vont vous croiser en forêt avec tout votre équipement. Est-ce déjà arrivé ? Comment ça se passe avec les "civils" : prenez-vous le temps de leur expliquer votre démarche ?

Philippe Rudrauf : Les itinéraires sont sélectionnés pour leur praticabilité par tout temps, pour leur beauté visuelle, pour un intérêt historique (dolmen, citerne médiévale, voie ancienne) et pour être suffisamment à l'écart de la civilisation moderne (routes goudronnées et voitures, bases de loisirs, etc ...). Mais il nous arrive régulièrement de croiser des randonneurs à pied ou à cheval et, quant ils ne restent pas sans voix, ils sont ébahis et admiratifs. Mais nous n'avons que peu de temps à leur consacrer car il nous faut autant que possible garder un rythme de marche constant.


Camille Daval : Il doit falloir quelques autorisations pour investir une forêt armés de glaives, épées et arcs... Comment se passe l'organisation pratique ?

Philippe Rudrauf : Bien sûr, au préalable je recueille toutes les autorisations nécessaires notamment celles des communes, de l'O.N.F., de la gendarmerie, de la préfecture.


Camille Daval : Apparemment le nombre de participants s'accroît depuis sa création en octobre 2005, en es-tu surpris et vois-tu des évolutions à apporter au concept ?

Philippe Rudrauf : Si j'en suis surpris ? Non et oui ! Non car si j'avais pensé n'intéresser personne je n'aurais pas lancé le projet. En fait je pensais ne pas être le seul à avoir ces idées de marches en tête.

Mais oui, surpris quand même par le nombre de participants hommes et femmes. Lors de la dernière marche nous étions 62 et je ne pensais pas attirer tant de monde sur une activité qui est physique et qui éprouve le matériel.

Il est vrai qu'évoluer comme nous le faisons dans un cadre 100% naturel (forêt de Rambouillet dans les Yvelines) augmente fortement le sentiment d'immersion et d'intemporalité. Ensuite chacun peut y trouver des plaisirs comme rencontrer les autres, discuter selon l'inspiration des lieux et du moment, avancer sur des chemins sélectionnés également pour leur beauté.

En ce qui concerne les évolutions possibles. Nous avons accueilli à 2 reprises des cavaliers au sein de l'Ost en Marche et c'est un complément parfait et des plus sympathiques. Prochainement les participants qui le souhaitent pourront enchaîner deux journées consécutives avec bivouac en forêt la nuit. Qui sait ! En fonction des enseignements précédents pourrions nous ajouter aux rendez-vous actuels une troisième marche sur 3 jours, avec bivouacs en autonomie totale ...


Affaire à suivre donc .

Merci Philippe d'être venu spontanément présenter ton événement, j'espère que la météo sera clémente et que votre joyeuse troupe s'étoffera encore plus au fil des années. En attendant : bonne route !

ET POUR TOUS, N'OUBLIEZ PAS LA MARCHE DES 4 ET 5 OCTOBRE PROCHAINS

LES INSCRIPTIONS SONT ENCORE OUVERTES

 

REJOIGNEZ LES RANGS DERRIERE PHILIPPE ET SES CAMARADES

ET PASSEZ UN WEEK-END INOUBLIABLE

 

Inscription sur le site internet de l'Ost en Marche

http://ostenmarche.com/

 

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