Promenade au British Museum

Coup de coeur à partager
En avril 2008, une petite escapade amoureuse à Londres a mené nos pas au fabuleux British Museum.
Petit retour enthousiaste plein de sensations sur la première visite d'une archéologue dans ce musée incontournable.
(Cliquez sur les images pour les agrandir)
Tout d'abord un peu d'histoire.
Le British Museum est né du don des collections du physicien, naturaliste et collectionneur Sir Hans Sloane au roi Georges II dans la moitié du XVIIIe siècle. Il faut dire que le roi n'était pas très enthousiaste mais le Parlement plaide en la faveur des collections et le British Museum est créé en 1753.
A partir de là, les collections et les ressources documentaires ne vont cesser de s'enrichir, à un tel point que le musée est transféré en 1759 à son emplacement actuel. Il s'ouvre alors au public et d'innombrables visiteurs viennent admirer ce patrimoine national, qui a toujours été (et est encore) gratuitement accessible à tous. Et oui, le British Museum c'est gratuit alors vous n'aurez aucune excuse pour ne pas le visiter si vous passez par Londres.
Les collections
Le British Museum attire d'abord par la renommée de certaines de ses pièces : La pierre de Rosette et d'autres antiquitès ègyptiennes, les frises sculptèes du Parthènon et certaines des sculptures classiques les plus connues.
Car au-delà de sa mission de présentation au grand public, le musée est toujours resté actif dans le domaine de la recherche scientifique, notamment par l'organisation de grandes campagnes de fouilles à l'étranger. Il propose donc des collections d'une richesse exceptionnelle et aux origines variées.
Ajoutez à cela une politique événementielle très dynamique et vous aurez la recette du succès.
Le musée a fêté son 250e anniversaire en 2003 et on lui souhaite encore autant d'années de bonheur.
Voilà pour la mise en place du contexte, mais de contexte il n'est plus question lorsqu'on se retrouve devant la façade à colonnade de ce bâtiment mythique (d'inspiration française, s'il-vous-plaît). On y est, enfin ! Il est là devant nous, comme une annonce à tous les trésors que nous venons chercher à l'intérieur. En plus, il pleut alors entrons vite.
Le musée
Et premier grand plaisir : passer devant une caisse où l'on n'achète pas son billet mis où on vous accueille avec le sourire pour vous donner un plan. Et surtout, ne le perdez pas, parce que vous en aurez bien besoin au cours de votre visite. Il est plutôt bien fait, les salles sont organisées par grands courants de civilisation sur 3 étages.
Rez-de-chaussée

* en vert : Greco-romains
* en violet : Moyen-Orient
* en jaune : Egypte Ancienne
* en beige : Expos temporaires
* en bleu : salles thematiques
*en mauve : les Ameriques
* en orange : Asie
1er étage

* En vert : Greco-romains
* En rose : Afrique
2e étage

* En vert fonce : Greco-romains
* En violet : Moyen-Orient
* En orange : Egypte Ancienne
* En vert clair : Europe
* En beige : Expos temporaires
Les difficultés commencent donc à ce point : à moins de tout faire au pas de charge et de ne pas s'arrêter de la journée, il est impossible de visiter l'ensemble du British Museum en une seule fois. Et tant mieux pour nos petits cerveaux parce que votre attention va être constamment sollicitée. Un conseil : ciblez les civilisations qui vous inspirent le plus ou programmez une deuxième visite. Sinon, pour les indécis, vous pourrez toujours vous laisser porter par l'envie au fil des salles.
Regard sur les collections égyptiennes
De notre côté, et visiblement de celui de très nombreux autres visiteurs, nous avons décidé de commencer par les collections égyptiennes. Malheureusement, certaines des salles sont actuellement en cours de restructuration et sont inaccessibles jusqu'au mois de novembre. Mais ne vous inquiétez pas, il y a encore largement à voir.

Et commençons par la sculpture égyptienne. Quelle soit monumentale ou d'ornement, elle séduit par la pureté de ses lignes, la qualité des matériaux et l'aura symbolique qui s'en dégage. En clair, on se retient difficilement de caresser tous ces objets alors qu'il n'y aurait qu'à tendre la main.
Malgré un monde digne d'une heure de pointe de métro, on se promène la tête en l'air et on finit par faire abstraction des autres visiteurs.

Mais oui, c'est bien ça : la Pierre de Rosette est là, cette fois-ci protégée dans une vitrine en raison de son succès. On prend alors place dans l'agglutissement, et miracle, on finit par se retrouver devant ce monument de l'égyptologie.
Un petit grain de fierté grenobloise me traverse en pensant à Notre Champollion. Je suis ravie : moi, petite archéologue, j'ai VU la Pierre de Rosette.

De nombreux sarcophages témoignent de la richesse des arts égyptiens : peinture, dorure, sculpture, calligraphie...
Ils portentégalement toute la sensibilité des égyptiens face à la mort.
Impossible de rester insensible devant ce corps momifié exposé là, peut-être vainqueur dans son combat pour l'éternité ou devant cet exemplaire du livre des morts, le mieux conservé jamais retrouvé.

Dès le début de votre visite, vous vous rendrez vite compte que si vous vous êtes déjà un peu intéressé à l'archéologie, vous avez déjà vu une grande partie de ces oeuvres dans tous les ouvrages de référence.

Mais ici, elles sont réelles, en relief et en matière, bien plus vivantes que sur papier glacé.
De là à s'identifier, il n'y a qu'un pas, et votre visite du British Museum commence à prendre des airs initiatiques.
Les assyriens
Si les collections égyptiennes sont parmi les plus connues du musée, les autres civilisations n'ont rien à leur envier en richesse et en qualité.

Les salles consacrées aux assyriens vous font vous sentir vraiment tout petit et humble. Les figures qui se détachent en bas-relief et en ronde-bosse de ces impressionnants panneaux muraux semblent dominer les hommes depuis des millénaires.
Certaines de ces scènes ornaient les palais des rois de l'actuel Irak. Elles font l'apologie des valeurs guerrières et militaires et présentent des scènes rituelles et de chasse.
Un patrimoine splendide qu'il faut absolument préserver pour les générations à venir.

Coup de coeur de ma part pour cet étrange objet qui est en fait un livre ! Ou plus exactement un document de fondation daté de 694 av. J.-C. et retrouvé à Nineveh (Irak).
Il raconte les campagnes guerrières de Sennacherib, la prise de Lachish et celle de Jérusalem lors de sa 3e campagne en 701 av. J.-C.
Je rend hommage aux archéologues qui ont décrypté ce document et grâce à qui ce témoignage si ancien est aussi précisément daté.
L'Antiquité gréco-romaine
L'Antiquité Gréco-romaine tient une très grande place dans les collections du British Museum grâce à un ensemble d'oeuvres artistiques de référence et d'objets du quotidien.

Notre image un peu idéaliste de la Grèce antique se ravira des frises du Parthénon avec ses cavaliers, ses dieux et ses héros.
Ce bas-relief semble comme animé et on s'attend presque à entendre les échos des batailles.

Et que serait la Grèce antique sans ses philosophes et ses écrivains ?
Passez sous l'oeil sévère ou observateur de ces témoins de leur et de notre Histoire.

Mais vous trouverez aussi des objets de la vie quotidienne, plus ou moins luxueux, qui permettent toujours d'avoir une image plus concrète et plus "proche" des civilisations anciennes.
Pour les romains, voici trois objets coups de coeur choisis arbitrairement parmi encore une fois tout un ensemble d'objets incontournables. Ici, ce ne sont pas les classiques qui ont retenu notre attention, mais plutôt des objets qui ont touché notre sensibilité :

A commencer par ce portrait sculpté d'un empereur, dont le regard troublant de vie nous a interpellé.
Une pointe de tristesse ou de timidité semble transparaître de ce visage conservé pour des millénaires.

Cette médaille n'est ni particulièrement décorée, ni magnifiquement belle. Elle ferait plutôt froid dans le dos par ce qu'il y a d'inscrit dessus.
Elle devait être destinée à un chien ou plus probablement à un esclave et il y est écrit :
"Si vous me trouvez, je me suis probablement enfui. Veuillez me ramener à mon maître Viventius dans la ville de Callistus"

Et enfin parce qu'il n'y a pas de mal à se faire du bien, voici un charmant mobile à cloches.
Vous ne le verriez pas dans votre salon ?
Les Celtes
Pour finir, je voulais vous montrer un peu la culture celtique, puisque c'est sur cette période que je travaillais au moment de la visite.

Les celtes se sont distingués par leur talent dans le travail des métaux. Voici quelques applications ici avec ces casques et cette armure.
On m'a toujours dit que les celtes n'avaient pas de cornes sur les casques, idéales pour se faire arracher la tête d'un coup d'épée, mais il faut bien se rendre à l'évidence, Goscinny n'a pas vraiment tout inventé. Ce doit être cependant un casque ornemental ou de cérémonie.

Nos amis celtes ne sont pas non plus les derniers des fétards. En témoignent ces cornes à boire. Il est difficile de se faire une idée de la taille sur une simple photo, mais il est à parier qu'après avoir ingurgitè les litres que peuvent contenir ces cornes, on en vient à rouler sous les dolmens.

Voici l'incontournable trésor de Sutton Hoo, une tombe princière de Grande-Bretagne où l'on a retrouvé parmi les plus belles pièces ornementales comme ce casque, ici reconstitué dans son état originel.
C'est un trésor de finesse, toutes les faces sont ornées de scènes de batailles et l'argent y est mêlé à l'or.
Un bouclier tout aussi décoré l'accompagne.
A voir absolument lors de votre visite.
Notre promenade au British Museum va s'arrêter là, mais il y aurait encore tellement à voir et à raconter....
Nous ressortons étourdis par tant d'émotions et avec l'impression d'avoir voyagé dans le temps. Le retour au XXIe siècle est un peu violent, il nous faudra nous réfugier dans un petit restaurant-salon au coin du feu pour méditer encore un peu sur ce voyage initiatique.
L'envie d'y retourner nous démange : nous avons certainement raté autant de choses que nous en avons vues... Vivement notre prochain passage à Londres, ville de culture où tous les musées sont gratuits et où le théâtre se vend comme une sortie au cinéma.
Nous reprenons notre beau taxi londonien à la conquête de la capitale. Prochaine étape : la National Gallery, l'abbaye de Westminster ou Trafalgar ? .... pour encore un peu de temps le monde est à nous !